Reportage depuis les zones rurales du Niger, où le paludisme continue de faire des ravages malgré les avancées médicales.
🌍 Contexte national : un fléau toujours présent
Au Niger, le paludisme reste la première cause de consultation, d’hospitalisation et de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans. Selon les données du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP), plus de 8 millions de cas ont été recensés en 2023, avec une concentration alarmante dans les régions de Zinder, Maradi, Dosso et Tahoua.
Les enfants et les femmes enceintes sont les plus touchés, notamment en saison des pluies, lorsque les conditions sont favorables à la prolifération des moustiques anophèles, vecteurs du parasite Plasmodium falciparum.
🍼 Partie 1 : Traitement du paludisme chez les enfants
Le traitement du paludisme repose sur l’administration rapide d’antipaludiques efficaces. Le traitement standard recommandé par l’OMS et appliqué au Niger est la combinaison à base d’artémésinine (ACT), disponible gratuitement dans les centres de santé publics.
Cependant, plusieurs défis persistent :
- ❌ Retard de diagnostic : Dans les villages reculés, les familles attendent plusieurs jours avant de consulter, pensant à une fièvre passagère.
- ⚠️ Automédication : Les parents achètent souvent des médicaments au marché sans ordonnance, parfois contrefaits.
- ❌ Ruptures de stock : Certains centres de santé enregistrent périodiquement des pénuries d’ACT.
« Quand mon fils a eu le palu, j’ai dû marcher 12 km pour trouver un centre avec les bons médicaments », témoigne Hadiza Mahamane, mère de trois enfants à Dogondoutchi.
Selon MSF Niger et le CERMES, un diagnostic rapide suivi d’un traitement complet dans les 24 à 48h augmente de 90 % les chances de guérison sans complications.
🌟 Partie 2 : Prévenir le paludisme dans les zones rurales nigériennes
La prévention repose sur plusieurs gestes simples mais cruciaux, encore trop peu appliqués dans les zones rurales.
1. Utilisation de moustiquaires imprégnées (MILDA)
Distribuées par UNICEF, l’OMS et le Fonds mondial, les moustiquaires imprégnées ont réduit de 50 % les cas dans les zones où elles sont correctement utilisées.
2. Assainissement de l’environnement
- 🚰 Assécher les eaux stagnantes
- 🤔 Couvrir les réservoirs d’eau
- 🌳 Débroussailler les alentours des maisons
3. Sensibilisation communautaire
« Nous organisons des causeries à la mosquée et au marché pour parler des gestes qui protègent contre les piqûres », explique Ali Garba, agent de santé communautaire à Maradi.
Des ONG comme Plan International Niger et CRS mènent des campagnes locales en langues haoussa et zarma.
🤟 Partie 3 : Paludisme et pauvreté – un cercle vicieux
Selon une étude conjointe PNLP – OMS – UNICEF 2024, le paludisme est responsable d’une perte économique estimée à plus de 72 milliards FCFA par an pour les ménages nigériens.
Conséquences :
- 💸 Vente de biens (bétail, récolte) pour financer les soins
- 🏫 Absence prolongée du travail ou de l’école
- 📆 Endettement familial récurrent
« J’ai dû vendre deux sacs de mil pour soigner mes enfants l’an dernier. Depuis, on ne mange plus que deux fois par jour », raconte Malam Souley, agriculteur à Gaya.
La maladie freine l’accès à l’éducation et ruine les petits commerces, aggravant l’inégalité entre milieux urbains et ruraux.
👶 Partie 4 : Le paludisme chez la femme enceinte, un danger silencieux
Le paludisme pendant la grossesse peut entraîner :
- 🧐 Anémie sévère chez la mère
- 🍼 Retard de croissance intra-utérin
- ❌ Accouchement prématuré ou fausse couche
Selon le Ministère de la Santé Publique, 20 % des décès maternels au Niger sont liés à des complications du paludisme.
Prévention recommandée :
- Prise de sulfadoxine-pyriméthamine (SP) en consultation prénatale
- Distribution de MILDA spécifiques
- Suivi obstétrique renforcé dans les zones endémiques
« Beaucoup de femmes enceintes n’ont même pas accès à une consultation prénatale », déplore Dr Rakiatou Ibrahim, gynécologue à Niamey.
🔍 Conclusion : Un combat à mener sur tous les fronts
Le paludisme est bien plus qu’une maladie au Niger : c’est un frein au développement humain, un facteur de mortalité infantile et maternelle, et une source de pauvreté.
Pour briser ce cycle, il est indispensable d’investir davantage dans :
- La prévention communautaire durable
- L’accès rapide aux soins de qualité
- La prise en charge ciblée des femmes et enfants
- L’éducation sanitaire de proximité
Comme le résume le Dr Harouna Soumana, directeur du PNLP :
« Tant que le paludisme tuera nos enfants, nous ne pourrons parler de développement. Il faut traiter cette maladie comme une urgence nationale, sociale et économique. »